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Stéréotypes de genre : une résurgence alarmante chez les adolescents, selon France Stratégie

Par Documentation CDI, publié le vendredi 16 mai 2025 17:17 - Mis à jour le vendredi 16 mai 2025 17:17
Les stéréotypes de genre font un inquiétant retour parmi les adolescents, selon un rapport publié ce lundi 12 mai par France Stratégie, organisme rattaché au Premier ministre.

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 L’étude révèle une adhésion persistante et souvent précoce à des normes sexistes chez les 11-17 ans, en dépit des avancées apparentes des dernières décennies.

L’enquête, menée auprès de 1 510 jeunes en juillet 2024, met en évidence des représentations encore fortement marquées par l’idée que les filles seraient naturellement tournées vers les soins et l’apparence, tandis que les garçons auraient pour rôle de protéger et de décider. Une vision qui s’installe tôt, se renforce avec l’âge chez les garçons et reste difficile à déconstruire.

Le sexisme se reconfigure

« On assiste à un retour en force de visions très genrées, y compris chez des adolescent·es dont on aurait pu espérer un regard plus critique », analyse Cécile Jolly, co-autrice du rapport.
« Ces stéréotypes ne disparaissent pas : ils changent de forme, se diffusent autrement, notamment via les réseaux sociaux. Et ils pèsent lourdement sur la liberté des jeunes à s’épanouir en dehors des normes. »

Un progrès qui ralentit

Sur le temps long, les mentalités ont bien reculé : entre 2000 et 2014, la population française estimant que « les femmes doivent rester à la maison » est passée de 44 % à 22 %, selon les données de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees), service statistique public français. Mais depuis la seconde moitié des années 2010, cette dynamique s’essouffle. Pire : certains stéréotypes régressifs refont surface, notamment chez les 18-24 ans. En 2022, 56 % d’entre eux considéraient que les mères répondent mieux que les pères aux besoins des enfants, contre 50 % huit ans plus tôt.

Le rôle décisif des plateformes numériques

« Les réseaux sociaux fonctionnent comme une machine à normaliser les normes sexistes, en les amplifiant et en les banalisant », souligne Marine de Montaignac, co-rapporteure.

Les jeunes filles, en particulier, sont exposées à des modèles valorisant la conformité à des codes de genre rigides, souvent hypersexualisés. Elles finissent par intégrer ces représentations, parfois de manière inconsciente, dans l’espoir d’être vues, likées, reconnues. Ce phénomène, nourri par les logiques virales des plateformes, façonne en profondeur les comportements et les aspirations.

Une réponse politique attendue

France Stratégie appelle à une réaction politique à la hauteur des enjeux et formule vingt propositions, dont l’allongement du congé paternité, une meilleure répartition du congé parental, des incitations à la mixité dans les parcours scolaires… Mais surtout, la nécessité d’intervenir dans l’espace numérique, devenu le premier lieu de socialisation pour les jeunes. Il ne s’agit plus de sensibiliser. Il faut transformer.

« Le défi, aujourd’hui, c’est la régulation des plateformes. Non pas pour censurer, mais pour exiger des comptes à celles et ceux qui influencent massivement les imaginaires », affirme Clément Beaune, haut-commissaire au Plan. « Il faut cibler les contenus les plus viraux, les influenceurs les plus suivis. Car leur responsabilité est immense. »

Le rapport rappelle que l’égalité entre les sexes n’est jamais acquise, qu’elle se construit chaque jour, et qu’elle se joue désormais aussi dans les fils d’actualité, les vidéos virales et les logiques de recommandation algorithmique. Un terrain où les stéréotypes, eux, n’ont jamais cessé de circuler.

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