Égalité filles-garçons : dépasser les stéréotypes en mathématiques
Article à retrouver en ligne en cliquant ici
Former des citoyennes et des citoyens éclairés, c’est aussi les amener à questionner les inégalités de genre persistantes pour construire une société plus égalitaire. Le plan « Filles et maths », lancé par la ministre Élisabeth Borne, met en lumière la nécessité de renforcer la place des filles dans les enseignements menant notamment vers des filières d’ingénieurs ou du numérique. Pour y parvenir, l’ensemble des personnels de l’Éducation nationale doit être sensibilisé à ces enjeux.
Les stéréotypes de genre influencent encore les parcours d’orientation
À l’école, les inégalités entre filles et garçons restent une réalité bien ancrée. Bien que des progrès aient été réalisés, les stéréotypes de genre continuent d’influencer les comportements, les attentes des adultes et les parcours d’orientation des élèves. Ces différences, souvent banalisées, renforcent un système inégalitaire et limitent le potentiel de toutes et tous.
Prenons l’exemple des mathématiques : les garçons y sont encore souvent perçus, à tort, comme « naturellement » plus compétents. À l’inverse, les filles sont souvent orientées vers des activités jugées plus empathiques ou artistiques. Ces représentations freinent leurs ambitions dans les filières STIM (sciences, technologie, ingénierie, mathématiques) et réduisent la diversité dans ces domaines d’avenir. Parfois, elles manquent de modèles inspirants pour s’y projeter. Favoriser la rencontre avec des professionnelles aux parcours variés est un premier pas pour ouvrir leurs horizons.
Le dossier en ligne « Des enjeux dans l’orientation, la formation et l’emploi » propose notamment un entretien avec la sociologue Marie Duru-Bellat, sur les choix d’orientation différenciés, qui montre notamment comment la mixité influence les comportements des élèves et alerte sur les effets des stéréotypes dans leurs choix d’orientation.
Identifier et dépasser les biais de genre en classe
Les stéréotypes de genre, souvent intériorisés dès le plus jeune âge, influencent parfois inconsciemment les perceptions et les actions des enseignants. Ces biais se manifestent de multiples manières : dans l’évaluation des compétences, les attentes de réussite, la distribution des rôles ou encore les interactions avec les élèves. Par exemple, il n’est pas rare d’observer des attentes plus élevées pour les garçons en mathématiques.
Comment agir concrètement ? Développez une réflexion critique sur vos pratiques et participez à des formations sur l'égalité en mathématiques. Vous pourrez ainsi identifier vos biais et apprendre à les dépasser progressivement. Découvrez le parcours en autoformation d'e-INSPÉ « Contribuer à la diversification des choix d’orientation des filles et des garçons ». Il vise à vous fournir des outils pour encourager en classe une meilleure mixité dans les choix d’orientation, en valorisant les talents et les intérêts de chaque élève, au-delà des normes traditionnelles de genre.
Développer une pédagogie de l’égalité
Former des élèves à la citoyenneté, c’est leur permettre de comprendre les mécanismes des inégalités et de les combattre. En tant qu’enseignant, vous êtes un acteur central pour placer l’égalité filles-garçons au cœur des apprentissages. Chaque action, chaque débat en classe contribue à soutenir le plan « Filles et maths ». Voici quelques pistes concrètes :
- repérer les inégalités dans les supports pédagogiques. Les supports utilisés en classe jouent un rôle clé dans la lutte contre les stéréotypes de genre. Il est essentiel qu’ils ne renforcent pas ces stéréotypes, mais qu’ils proposent des modèles d’identification variés. Pourtant, de nombreux documents utilisés en classe – manuels scolaires, revues, ouvrages de littérature jeunesse – présentent encore une approche genrée. Par exemple, vérifiez que vos supports présentent des femmes scientifiques et mathématiciennes et évitent les situations stéréotypées (garçons résolvant des problèmes complexes, filles dans des situations quotidiennes, etc.). Pour vous aider, consultez notre dossier en ligne « Repérer les inégalités dans les supports didactiques» ;
- questionner les stéréotypes de genre en classe. « Les garçons sont meilleurs en maths. » « Les filles sont moins logiques. » « Les femmes ne sont pas faites pour les sciences. » Pourquoi ces idées reçues ? Et quelles en sont les conséquences ? Pour encourager les élèves à réfléchir sur les représentations de genre et promouvoir un débat constructif, vous pouvez organiser des discussions sur des sujets de société liés à l’égalité de genre, sur la place des femmes dans l'histoire des mathématiques, etc. Le jeu de plateau coopératif C’est cliché ! constitue un excellent moyen d’amener les adolescents à réfléchir aux stéréotypes de genre.
Les représentations stéréotypées de genre peuvent aussi être remises en question en classe, à travers la littérature jeunesse. Ces supports sont des outils efficaces pour l’éducation des citoyens de demain. Mais comment choisir les bons ouvrages ? Quelles précautions prendre lorsqu’on écrit pour la jeunesse ? Pourquoi continuer à raconter des histoires traditionnelles ? Notre dossier en ligne « Repérer les inégalités dans le quotidien» vous apporte des réponses. Et, pour aller plus loin, retrouvez des outils concrets pour travailler les stéréotypes en classe dans le dossier « Pour aborder les stéréotypes ».
- prendre en compte l’égalité de genre dans l’aménagement des espaces scolaires. Les rapports de genre influencent l’occupation des espaces scolaires. Que ce soit dans la classe, la cour de récréation, les laboratoires, ou même lors des choix de places en classe, cette répartition n’est ni aléatoire ni neutre. Le podcast Extra classe « Parlons pratiques ! Filles, garçons : la lutte des places » analyse les espaces scolaires sous l’angle de la géographie du genre.
En tant qu’enseignant, il est crucial de promouvoir le respect mutuel, l’équité et l’inclusivité. Utiliser un langage neutre et respectueux, et garantir une répartition équitable des responsabilités et des rôles en classe sont des actions clés pour encourager ces valeurs.
À l’image de Soumaya Saadane, qui fait bouger les lignes en organisant la journée « Filles, maths et informatique : une équation lumineuse » dans son lycée – un événement à découvrir dans le podcast Extra classe « Filles, maths et informatique - Les Énergies scolaires #160 » – ouvrons ensemble les portes des sciences, des mathématiques et de tous les possibles à toutes et à tous.